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Abstract
Mes préoccupations d'artiste et d'étudiante en recherche sont reliées à la valorisation de l'identité, la mienne et celle de l'Autre. Je veux pouvoir être une facilitatrice ou une médiatrice afin d'aider l'Autre à articuler sa pensée (par la mise en exposition) dans le but de l'amener vers une compréhension plus juste et de sa vision du monde et de sa culture. Mon engagement comme étudiante et assistante de recherche au projet Design et culture matérielle: développement communautaire et cultures autochtones se situe d'ailleurs dans la valorisation de cette identité culturelle autochtone, par le développement d'une approche participative en design d'exposition.
Au cœur des diverses expérimentations réalisées avec trois communautés (Mashteuiatsh, Uashat mak Mani-Utenam, Odanak) en vue du développement d'une méthode basée sur la participation pour la réalisation d'une exposition, une double question de recherche me préoccupait particulièrement: est-ce que le niveau de participation à l'expérience des principaux acteurs autochtones influence ensuite leur degré de reconnaissance de l'œuvre muséologique? La participation permet-elle une meilleure compréhension et une interprétation plus cohérente, plus juste de la culture de l'Autre?
Je me suis intéressée à l'Autre avec l'idée qu'il y avait là, pour moi, quelque chose à apprendre, à comprendre, à conceptualiser; je me suis intéressée à sa cohérence, à sa façon de penser et de raisonner pour l'encourager à analyser, à conceptualiser et à exprimer son appartenance.
Cette approche est basée principalement sur la rencontre, l'entretien, l'écoute, l'échange et la quête de perceptions sensibles, ainsi que sur la validation constante des contenus et des choix muséographiques à travers le concept participatif. Plusieurs des expériences menées entre 2003 et 2007 ont fait avancer mon questionnement et ont nourri ma réflexion.
À la suite de ces expériences terrains, j'ai pris conscience des niveaux de participation et des niveaux de reconnaissance des acteurs. Il s'agit d'un véritable travail de collaboration entre designers, muséologues et les acteurs impliqués, ceux que Hugues de Varine (1976) nomme les experts d'usage. J'ai travaillé également dans plusieurs situations: observatrice, médiatrice, facilitatrice, designer et artiste. Je me suis engagée concrètement dans l'action, ce qui m'a permis de comprendre, de l'intérieur, la réalité des participants.
1Dans le cadre de cette recherche, l'Autre, pour moi, représente l'ensemble des collaborateurs autochtones impliqués dans le projet Design et culture matérielle; développement communautaire et cultures autochtones avec qui j'ai collaboré. DE VARINE, H. (1976). La culture des autres. Paris: Éditions du Seuil, 253 pages. Un volet expérimental de la recherche mise sur l'action communautaire: le groupe « Mémoires du territoire/INNU UTINNIUN» explore des moyens permettant aux membres d'une communauté de définir et d'exprimer leur propre conception de ce qu'est la culture. Cette démarche s'oppose à la pratique habituelle où des gens reconnus comme experts de la culture, le plus souvent extérieurs à la communauté, imposent leur définition à la population. Dans l'approche proposée, les membres de la communauté sont des «experts d'usage», les constructeurs, les décideurs et les bénéficiaires de leur propre travail. Feuillet de l'Alliance (2007), Design et Culture matérielle: développement communautaire et culture autochtone .